Les contributions positives se multiplient
Avec Oqualim et Duralim, la nutrition animale française met des outils pratiques à disposition des filières de productions animales et affiche son dynamisme dans le champ de la sécurité sanitaire comme de la durabilité.
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Dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation, la nutrition animale française met en avant deux de ses réussites collectives, Oqualim et Duralim. « Oqualim est un outil technique, donc peu visible par le consommateur, mais il est bien au service des filières pour qu'elles optimisent leur réponse aux demandes des consommateurs pour la sécurité quant à la manière dont sont nourris les animaux d'élevage », résume Valérie Bris, directrice de Coop de France Nutrition animale. « Oqualim permet de donner du corps aux promesses que les filières françaises font aux consommateurs », poursuit Jean-Luc Cade, président.
La sécurité pour le non-OGM aussi
Outre les reconnaissances mutuelles avec les autres schémas de certification européens (lire p. 55), Oqualim commence à être intégré dans les cahiers des charges des filières : ce sera le cas dès juillet 2018 dans les chartes CIPC (poulet de chair) et Cidef (dinde), l'oeuf devrait suivre. Quant au plan de contrôle mutualisé des aliments composés, auquel adhère environ 88 % du tonnage produit en France (253 usines), il est de fait reconnu par la DGCCRF qui, dans son rapport sur la surveillance des substances indésirables le mentionne dès 2015 : « La prise en compte à titre expérimental du plan de contrôle mutualisé Oqualim a permis de réduire le nombre de visites tout en maintenant le même niveau d'exigence qu'en 2014. »
Le socle non OGM (STNO) qui fait l'objet d'un audit complémentaire lors de la certification Oqualim, connaît également un beau succès avec le développement des demandes, principalement des laiteries, qui suivent un mouvement de fond très actif notamment en Allemagne, mais aussi dans d'autres filières comme le lapin. La production de soja français, même en croissance, ne répondra pas à toutes les demandes pour l'approvisionnement de ces filières. ADM, en annonçant dédier son usine du sud de l'Allemagne aux tourteaux non OGM, souligne clairement cette réalité de marché dans l'UE. L'une des questions reste celle des approvisionnements en prix, en volume et... en qualité. Les contraintes logistiques de la séparation étanche des lots sur les grands ports du Nord de l'Europe et les spécificités des contrôles en France interrogent certains professionnels. Ils restent vigilants pour que cette opportunité soit l'objet de règles communes, partagées et respectées, par exemple avec la certification Oqualim STNO.
Le changement dans les politiques publiques des biocarburants pourrait également modifier profondément les équilibres des approvisionnements. Saipol a ainsi annoncé début octobre, le recours à l'activité partielle en 2018, en raison de l'entrée massive en Europe du biodiesel argentin et de la baisse prévue de l'incorporation des biocarburants (3,8 % à échéance 2020-2030, alors que la France est à 8 % aujourd'hui). Outre la réduction de l'estérification des huiles, la trituration sera impactée puisque le groupe prévoit de ne mettre en oeuvre que 2,5 Mt de graines en 2018, contre 3,5 Mt en 2017. Le volume de tourteaux disponibles sera donc réduit d'environ un tiers, au risque de tendre les approvisionnements des usines.
Economie circulaire
La nutrition animale française veut faire reconnaître sa place dans les filières animales, mais aussi végétales et sa propre durabilité. Elle consomme en effet les coproduits de quasiment toutes les IAA et constitue la première valorisation de ces derniers. C'est un des grands messages de Duralim, démarche collective lancée en 2016. « L'Afca-Cial y adhère en tant que syndicat et sollicite ses adhérents pour qu'ils adhèrent également. Derrière la nutrition santé, il y a en effet naturellement la durabilité », estime Michel Layus, président de l'Afca-Cial, qui détaille : « Nous voulons être à la fois vigilants et proactifs. Il est important de ne pas gaspiller des matières premières comme les minéraux. Nous travaillons donc à la fois sur l'efficacité des usages en affinant la connaissance des besoins des animaux et les recommandations d'apports, et sur le développement de nouvelles sources. »
De quarante-sept signataires au lancement de la démarche, ils sont actuellement cinquante-trois, dont une majorité en nutrition animale (trois syndicats, trente-huit entreprises). « Nous développons des outils de communication pour présenter et expliquer la démarche dans les collèges moins représentés », précise Morgane Balin-Caillard, de Duralim. Avec les kits ambassadeurs déjà disponibles en nutrition animale, les entreprises s'emparent de l'action. « Nous avons engagé un travail de fond et désormais nous avons les outils pour prendre rendez-vous et parler de Duralim avec les décideurs », confirme Gaël Peslebre, président de Nutriarche. L'idée est en effet, dès le début de Duralim, de porter une démarche transversale, ce que confirment les organisations et entreprises des matières premières, de la transformation et de la distribution déjà engagées.
Protéines d'insectes
Enfin, de nouvelles filières se mettent en place. L'UE a ainsi autorisé en début d'été l'incorporation de protéines d'insectes dans les aliments aquacoles. Innovafeed, fondée en 2015, a implanté son usine de production de farines d'insectes à Gouzeaucourt, dans les Hauts-de-France, au coeur du gisement de coproduits céréaliers, les insectes étant nourris avec les coproduits d'amidonnerie. L'entreprise a signé, le 17 octobre, une déclaration d'intention avec Auchan Retail France : des éleveurs référencés par le distributeur vont ainsi nourrir leurs truites avec les farines d'Innovafeed. Elles seront commercialisées dès le début de 2018 dans les rayons poisson-neries de magasins pilotes.
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